Posted by: africanpressorganization | 14 October 2011

Changements climatiques, hommages à des personnalités, accaparement des terres et compte-rendu des missions d’information en Tunisie et en Libye


 

 

Changements climatiques, hommages à des personnalités, accaparement des terres et compte-rendu des missions d’information en Tunisie et en Libye

 

JOHANNESBURG, Afrique du Sud, 14 octobre 2011/African Press Organization (APO)/ — Changements climatiques, hommages à des personnalités, accaparement des terres et compte-rendu des missions d’information en Tunisie et en Libye

 

1 – Le Parlement Panafricain doit faire des Changements climatiques son cheval de bataille.

Comme au premier jour des travaux de la présente Session Ordinaire du PAP, le Président, Moussa Idriss Ndélé, a invité un nouveau membre du PAP venu du Malawi à prêter serment en vue d’exercer sa fonction dans la norme, la transparence, la dignité et l’honneur.

Par la même occasion, la représentante du Président de l’Assemblée Nationale du Sud Soudan, l’Honorable Jasmine Samuel Adakayi, Présidente de la Commission de l’énergie, des mines et de l’industrie, a transmis le message de son Président aux Parlementaires panafricains. En substance, celui-ci a exprimé sa gratitude au PAP et à tous les pays Africains qui ont soutenu d’une manière indéfectible le Sud Soudan durant sa lutte pour l’indépendance avant de souligner que beaucoup d’efforts doivent être fournis dans cette partie du pays et d’exhorter le PAP à l’aider afin de mettre en place la démarcation entre le Nord et le Sud du Soudan. Pour finir, il a réitéré son engagement total d’être aux cotés de toutes les institutions qui mènent le combat pour le développement, la démocratie et la bonne gouvernance en Afrique. Trouvant impressionnant ces vœux, le Président Moussa Idriss Ndélé a demandé aux parlementaires de raccompagner l’émissaire à sa place avec des applaudissements.

2 – Puis, était venu le moment de rendre hommage à trois personnalités africaines qui ont été distinguées pour leurs luttes à la tête des organisations internationales et mondiales. Il s’agit de M. Michel Sidibé, Directeur exécutif ONUSIDA, représenté par Mugabe Mbulawa, Directeur adjoint de l’Equipe d’appui aux Régions Afrique de l’Est et Australe ; M.Tewodross Mellesse, Directeur général de la Fédération internationale pour la planification familiale, FIPF représenté par Lucien Kouakou, Directeur régional ; et du Dr Babatunde Osotimehin, Directeur exécutif du Fonds des Nations-Unies pour la Population.

Dans leurs allocutions, ces personnalités ontréitéré leur gratitude et leurs félicitations pour tout ce que le PAP fait pour encourager les Fils du continent qui ne restent pas en marge des conflits, des maladies et autres problèmes qui touchent sérieusement l’Afrique.

L’un de ces problèmes récurrents (les changements climatiques) était d’ailleurs au centre des débats. C’est l’Honorable Jerry Dimotema Thibedi, Président de la Commission permanente de l’économie rurale, de l’agriculture, des ressources naturelles et de l’environnement, qui a présenté le rapport concernant les changements climatiques et la participation du PAP à la 17ème Conférence des Parties (CoP 17) à la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques, et à la 7ème session de la réunion des parties au protocole de Kyoto qui se tiendront entre le 28 novembre et le 9 décembre 2011, à Durban en Afrique du Sud.

Pour beaucoup de parlementaires, l’heure n’est plus aux plans mais plutôt aux actions à mener. Préconisant une solution véritablement africaine pour faire face aux changements climatiques, ils ont proposé au PAP d’œuvrer pour que l’Afrique ait une énergie verte en donnant l’exemple des pays comme l’Ethiopie et le Swaziland qui utilisent de l’énergie solaire pour lutter contre ces changements. Aussi, ont-ils ajouté, les populations en général et les agriculteurs en particulier doivent être sensibilisés car ils ignorent ce qu’est le changement climatique et quelles stratégies adopter pour ne pas être surpris le moment venu. Bref, le PAP doit jouer un rôle central dans la lutte contre les changements climatiques.

 

3 – Rapport des missions d’information en Tunisie et en Libye : une immense opportunité pour rétablir la démocratie et la bonne gouvernance

3.1 – Le succès de la réforme révolutionnaire tunisienne donnera une grande impulsion au reste des pays africains. Toutefois, cela n’empêche pas d’admettre que le programme de transformation politique et socioéconomique doit faire face à de nombreux défis, notamment celui de voir les partis politiques se chiffrant actuellement à plus d’une centaine profiter de l’absence de leadership et de l’absence de rendements économiques visibles. C’est ce qu’a formulé la mission du Parlement panafricain en Tunisie à travers son rapport rendu public dans le cadre des travaux de la 5ème Session du PAP.

Présidée par l’Honorable Charumbira Fortune, membre de la Commission permanente de la coopération, des relations internationales et du règlement des conflits, la délégation a été en Tunisie du 10 au 15 juin 2011 pour un constat en vue de rendre compte au PAP de l’actualité socio politique tunisienne après la Révolution populaire du 14 janvier. En effet, après un entretien avec M. Mouldi EL Kefi, ministre des Affaires étrangères et suite à une série de visites à différentes institutions politiques nationales, telles que la Haute commission pour la réforme politique, la protection de la démocratie et la réalisation des objectifs de la révolution, la Commission électorale indépendante, la Commission d’enquête sur la corruption et la Commission d’enquête sur les violations des droits de l’homme, la délégation a précisé, à travers son Président , M. Charumbira Fortune, que la révolution tunisienne, œuvre des jeunes, a pour origine la corruption, particulièrement celle de la famille qui était au pouvoir. Tout autant que le sous-développement de certaines régions du pays a fait naître une vague sans précédent de revendications de la part d’une jeunesse anéantie par le chômage et assoiffée de liberté et de démocratie.

Au fil de son intervention, M.Charumbira a observé que La Tunisie connaît actuellement une conjoncture économique des plus difficiles, vu que bon nombre d’institutions ont été détruites par l’ancien régime. D’où la nécessité de procéder à leur reconstruction.

Le rapport de la mission note également qu’avec la libération de 7000 détenus dont certains se sont adonnés au pillage provoquant incendie d’usines et prise en otage de tant de routes et avec la mise en veille de certains projets lancés en 2008, la situation économique en Tunisie suscite la mobilisation de toutes les énergies pour aider le pays.

Répercussions de la crise libyenne sur l’économie tunisienne

De surcroît, l’intervenant a observé que les évènements sanglants que connaît la Libye ne sont pas sans répercussions néfastes sur l’économie tunisienne. Dans ce sens, il a laissé entendre que la Tunisie reçoit chaque année près de 1 700 000 touristes libyens et développe avec ce pays des échanges commerciaux estimés l’année dernière à 1 milliard de dollars américains. Toutefois, cette coopération économique de taille, a-t-il ajouté, s’avère en nette régression affectant en premier lieu les secteurs touristique et des transports qui font vivre près d’un million de Tunisiens. L’intervenant a indiqué que les recettes du secteur touristique sont estimées à quatre milliards de dinars tunisiens, dont la moitié sera perdue cette année suite aux troubles qu’a connus le pays.

Par ailleurs, l’Honorable Charumbira a fait remarquer que, comme le confirment de grands économistes, la Tunisie est capable de renouer, six mois après les élections, avec l’investissement dont les résultats seront plus perceptibles deux ans après les élections législatives et présidentielles. Une durée qui, a-t-il fait remarquer, peut-être écourtée si l’on procède rapidement à l’élaboration de la nouvelle Constitution et aux élections présidentielles et à la mise en place en toute urgence d’un plan économique devant permettre au pays la relance économique escomptée pendant les quatre années à venir.

Parmi les observations enregistrées par la mission d’information en Tunisie, figure également le mécontentement de certains partis politiques quant à la composition de la Commission suprême de la réforme politique et à la sous représentation des partis au sein de cette instance, qui ne compte qu’une dizaine de partis sur un total de plus de 100 partis politiques actifs, selon le même rapport.

Se mobiliser pour le soutien d’un pays modèle

L’Union africaine et le Parlement panafricain pourraient jouer un rôle crucial dans le processus de démocratisation en Tunisie même si la délégation du PAP était arrivée en Tunisie six mois après la révolution. Un retard qui ne fait que traduire la faible présence des institutions continentales africaines pendant les temps de crise survenus dans certains pays africains. Telle est la position de la délégation confrontée, en Tunisie, à des questions du genre : le PAP appartient-il à l’Afrique ?

Pourtant, les délégations parlementaires non-africaines telles que l’Union européenne (UE) et le Congrès américain ont été les premiers à assister la révolution tunisienne, s’est exclamé l’intervenant avec l’acquiescement de bon nombre de parlementaires présents.

Sur cette même lancée, en formulant les recommandations de la délégation, il a affirmé que le PAP est appelé à exhorter l’Union africaine à aider la Tunisie dans sa marche vers la démocratie, la bonne gouvernance et le respect des droits de l’homme. Tout comme il faut veiller à ce que la feuille de route concernant la tenue des élections soit respectée afin de revenir à un gouvernement constitutionnel. De ce fait, le PAP devrait envoyer, a-t-il adjoint, une mission d’observation pour les élections du 23 octobre. L’Honorable Charumbira a finalement appelé le PAP à lancer un appel de toute urgence pour un soutien économique au pays afin de réduire le chômage et la pauvreté et éviter une contre-révolution.

Des recommandations forts appréciées par l’ensemble des parlementaires ayant formulé leur admiration pour « la révolution du jasmin » comme ils aiment à dire, compte tenu de son caractère pacifique. Une admiration qu’un parlementaire à choisi de traduire en lançant « prions tous pour la réussite de la transition démocratique tunisienne, elle aura des répercussions positives sur le reste des pays et nations du continent africain ».

3.2 – Une situation alarmante en Libye

La situation a évolué dramatiquement en Libye. Le Conseil national de transition (CNT) contrôle pratiquement toute la Libye à l’exception de deux villes, à savoir, Syrte et Bani-Walid. Entre temps, l’UA et les Nations Unies ont reconnu le CNT en tant qu’autorité légitime en Libye. Toutefois, le fait que les pays de l’UA n’aient pas une approche unie face aux problèmes que rencontre le continent et malgré les énormes défis auxquels fait face l’Afrique, constitue une préoccupation majeure. Telle est la conclusion avancée par la mission du PAP en Libye.

Ladite mission observe, par ailleurs, que vu les conditions tragiques dans lesquelles sombrent le pays et le peuple libyens, les deux parties, à savoir, les pro-Kadhafi et le Conseil national de transition (CNT) devront œuvrer de concert pour parvenir à une solution pacifique, conformément à la feuille de route de l’UA. Cette dernière devra, selon les envoyés spéciaux du PAP à Tripoli, jouer un rôle de premier plan dans ce contexte, soutenue en cela par les autres organisations internationales telles que les Nations Unies, la Ligue des Etats arabes, l’Organisation de la conférence islamique et l’Union européenne.

De ce fait, ils appellent le PAP à poursuivre son engagement avec la Libye en y envoyant une mission de suivi. Le PAP devrait également s’impliquer, comme ils le confirment, dans les mécanismes de reconstructions nationales en vue de renforcer l’unité nationale et préserver l’intégrité des citoyens libyens. Le rapport de la mission exhorte notamment le PAP à collaborer avec les organisations pertinentes afin de s’assurer de l’application des lois et des règlements relatifs à la protection des travailleurs immigrés.

Ces recommandations ont fait l’objet d’une appréciation très positive des parlementaires qui ont applaudi la qualité des rapports présentés, rappelant pour le cas libyen, que les efforts fournis par le président déchu Mouammar Kadhafi sont fort louables. Toutefois, l’argent fourni sous forme d’aides à l’UA et à certains pays africains revient au peuple libyen. Sur ce, toute la gratitude va à ce peuple généreux anéanti à présent par des conflits de toutes sortes.

4 – Accaparement des terres en Afrique : un fléau de plus en plus préoccupant

Les droits fonciers sont de plus en plus bafoués en Afrique. En effet, la plupart des terres appartiennent à l’Etat, un héritage de l’ère coloniale. En d’autres termes, c’est le gouvernement qui décide de la manière dont il faut les utiliser.

Pis, les droits du peuple à la terre sont flous, fondés sur les traditions locales ou inexistantes. Toutefois, on ne trouve en Afrique aucune terre agricole qui soit demeurée vide, inexploitée ou non utilisée. C’est que les accords d’investissement conclus entre les gouvernements et les investisseurs étrangers concernent les terres actuellement utilisées par le peuple et ont une incidence négative sur les droits de ces derniers à la terre. Voilà une situation à la fois attristante et de plus en plus préoccupante en Afrique. Les biens de ce continent profitent plutôt aux étrangers qu’aux fils d’Afrique. Pourquoi ne pas en faire profiter en premier les Africains ? Sommes-nous incapables de bien gérer, de cultiver notre jardin, de relever les défis ?

Telles sont les questions des parlementaires ayant animé ce débat. Selon le rapport du PAP sur l’accaparement des terres, les investisseurs ciblent les pays aux lois inadéquates. Un constat déjà fait par la Banque Mondiale selon son rapport sur le sujet. Cette démarche est en effet associée à une symétrie dans le rapport de forces entre les investisseurs qui disposent d’une batterie de légistes, d’experts de haut niveau et de solides connaissances en matière de négociation d’accords, et les Etats qui sont souvent en position de faiblesse en raison de leur expertise limitée. Pis encore, quand les investisseurs négocient directement avec des agriculteurs peu instruits, ces derniers sont encore moins équipés pour défendre leurs intérêts. Cet état de chose préoccupe les parlementaires.

Selon le même rapport, les investisseurs respectent rarement leurs promesses en termes de bénéfices pour le pays hôte en matière de création d’emplois, de transfert de technologie et de développement des infrastructures.

Débattant de ces points entre autres, les parlementaires ont appelé à rattraper le vide législatif dont souffrent les institutions africaines concernées. Lequel vide permet aux investisseurs étrangers de profiter pleinement de la fertilité des terres africaines, là où les populations du continent se contentent de quelques miettes.

Dans ce sens, un député a observé que la famine et la pauvreté dont souffrent plusieurs pays du continent sont l’aboutissement logique de la mal exploitation de la terre. Et qu’il suffit d’un bon réveil pour se débarrasser de tous les maux.

Se joignant à lui, un autre parlementaire a avancé que les parlementaires devront encourager les gouvernements à rendre publics les contrats pour un investissement agricole responsable sur la terre, l’agriculture et les ressources naturelles.

Sur cette même lancée, un autre député a appelé à la mise en place de centres d’excellence sur la terre, l’agriculture et les ressources naturelles afin de pousser la recherche scientifique dans le domaine agricole et faire face à toutes sortes de politiques défaillantes à ce sujet.

 

SOURCE 

Pan-African Parliament (PAP)


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