Posted by: africanpressorganization | 13 December 2008

Le Zimbabwé est en train de devenir un « État en faillite », dit M. McGee / Propos de l’ambassadeur des États-Unis à Harare

 

 


 

 

Le Zimbabwé est en train de devenir un « État en faillite », dit M. McGee / Propos de l’ambassadeur des États-Unis à Harare

 

HARARE, Zimbabwe, 13 décembre 2008/African Press Organization (APO)/ — L’épidémie de choléra et la disparition de militants sont venues s’ajouter aux difficultés économiques et politiques du Zimbabwé pour créer une situation très grave sur le plan des droits de l’homme, a déclaré l’ambassadeur des États-Unis, M. James McGee, en incitant les États limitrophes de ce pays à agir en vue d’améliorer la situation.

 

Lors d’une conférence de presse organisée le 11 décembre par le département d’État, il a dit : « Un seul homme, Robert Mugabe, entouré de sa bande tient le pays en otage, et le Zimbabwé est en train de tomber rapidement au rang d’État en faillite. »

 

Au cours de cette même conférence de presse, le gouvernement Bush a annoncé qu’il avait débloqué 6,2 millions de dollars aux fins de la lutte contre l’épidémie de choléra, qui avait déjà causé la mort de près de 800 personnes. Cette aide vient s’ajouter aux 4,6 millions de dollars que le Zimbabwé a déjà reçus des États-Unis pour faire face à cette crise à l’aide de programmes d’alimentation en eau, d’assainissement et d’hygiène.

 

Durant les douze derniers mois, les États-Unis ont consacré près de 300 millions de dollars au titre de l’aide humanitaire au Zimbabwé. Environ 218 millions étaient destinés à l’aide alimentaire et le reste à des organisations telles que le Programme alimentaire mondial et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ainsi qu’à une aide directe dans le domaine de la santé.

 

M. McGee s’est fait l’écho des appels de dirigeants africains et européens ainsi que du président Bush et de la secrétaire d’État, Mme Condoleezza Rice, invitant le président Robert Mugabe à renoncer au pouvoir pour le bien de son pays.

 

« Il est temps que M. Mugabe s’en aille. Il n’est plus utile au Zimbabwé, a-t-il dit. Il lui faut respecter la volonté du peuple zimbabwéen, telle qu’il a exprimée lors de l’élection du mois de mars, et laisser se former un gouvernement représentatif (…) qui cherchera à satisfaire les besoins de la population. »

 

Les États-Unis sont en faveur d’une solution pacifique et estiment que les organisations internationales et régionales, telles que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), constituent les meilleurs intervenants à cette fin.

 

La SADC a de nombreuses possibilités d’agir et devrait faire respecter ses règles, notamment celles exigeant que ses États membres s’acquittent de leurs obligations envers leur population et qu’ils respectent les droits de l’homme.

 

« Nous ne tentons pas de dire à la SADC ce qu’elle devrait faire. Tout ce que nous lui disons (…) c’est que la situation au Zimbabwé est mauvaise », a indiqué M. McGee en faisant remarquer que cette organisation avait déjà agi en ce qui concerne d’autres pays. Par exemple, elle est intervenue au Lesotho en 1994 pour restaurer le gouvernement qui avait été renversé lors d’un coup d’État.

 

Les États-Unis, a-t-il dit, cherchent à encourager des pays de l’Afrique australe, dont l’Afrique du Sud, à prendre une position plus active au sujet du Zimbabwé. Le 11 décembre, la ministre sud-africaine de la santé s’est rendue le long de la frontière entre les deux pays pour observer la progression de l’épidémie de choléra et a déclaré qu’il s’agissait d’une situation d’urgence. L’Afrique du Sud n’a pas encore fermé sa frontière, mais ce devrait être la prochaine mesure à prendre.

 

Par ailleurs, M. McGee a exprimé son inquiétude au sujet du sort de 17 personnes liées à l’opposition politique qui avaient disparu, alors que les tribunaux avaient enjoint la police et le gouvernement de les trouver et de les produire.

 

Parmi les disparus figure un nourrisson, et l’ambassadeur a demandé au gouvernement zimbabwéen de produire ces personnes et de les inculper ouvertement si elles avaient commis un délit. « Les Zimbabwéens, a-t-il dit, ont perdu confiance dans leurs services de police. Les pouvoirs publics ne peuvent plus garantir la sûreté et la sécurité de la population. En fait, il est probable qu’ils sont même complices dans de nombreux cas. »

 

La fermeture des frontières forcerait le gouvernement Mugabe à capituler

 

Un haut responsable des États-Unis a déclaré sous le couvert de l’anonymat que les États limitrophes du Zimbabwé auraient à agir afin d’obliger le gouvernement à changer la situation dans le pays.

 

Les États africains ne font que dire qu’il s’agit d’un problème africain et qu’il faut une solution africaine, mais jusqu’ici ils ont été peu disposés à agir et à indiquer ce qu’était cette solution africaine, a-t-il dit en ajoutant : « La solution africaine est très simple : faire partir Robert Mugabe. »

 

À cet effet, il suffit de quelque chose de très simple comme la fermeture des frontières, qui laissent actuellement passer des milliards de dollars légalement et illégalement en provenance, en particulier, de l’Afrique du Sud. « La fermeture des frontières ferait littéralement plier le pays en une semaine. »

 

En réponse à une question sur l’aspect humanitaire de la fermeture des frontières, le haut responsable a répondu : « Comme peut-on davantage faire du mal à la population ? Il est évident que le gouvernement ne se soucie guère de la population. »

 

L’opposition politique au Zimbabwé, a-t-il dit, a indiqué que M. Mugabe, qui est au pouvoir depuis l’accession du pays à l’indépendance en 1980, pourrait mener « la vie d’un homme respecté » dans son pays après sa démission et qu’il aurait « toujours une place dans le cour de nombreux Zimbabwéens ».

 

Les États limitrophes du Zimbabwé devront finalement agir à cause des difficultés financières que suscite l’arrivée de réfugiés zimbabwéens. Le haut responsable a indiqué que 500.000 personnes au Botswana, soit le quart de la population de ce pays, sont des migrants en provenance du Zimbabwé pour des raisons économiques et que ce pays risquait de ne plus pouvoir leur offrir les services nécessaires.

 

En Afrique du Sud, où l’on a observé des actes de violence xénophobe à l’encontre de migrants zimbabwéens, quelque 6.000 Zimbabwéens entraient clandestinement chaque semaine ces derniers temps. Ce nombre se situe maintenant entre 10.000 et 12.000 depuis le déclenchement de l’épidémie de choléra.

 

Il est peu probable qu’un soulèvement contre M. Mugabe ait lieu dans le pays, a dit le haut responsable en ajoutant : « Je pense que les véritables preneurs de risque du Zimbabwé sont serveurs ou cuisiniers en Afrique du Sud. Ils ont voté avec leurs pieds, en préférant traverser le fleuve Limpopo et braver les crocodiles et les soldats sud-africains » pour fuir leur pays.

 

 

 

SOURCE : US Department of State


Categories