Posted by: africanpressorganization | 20 September 2010

Union Africaine / Communiqué sur la Journée de la Paix

 


 

 

 

Union Africaine / Communiqué sur la Journée de la Paix

 

 

ADDIS ABEBA, Ethiopie, 20 septembre 2010/African Press Organization (APO)/ — A quelques jours de la célébration de la Journée internationale de la paix, dans le cadre de l’Année de la paix et de la sécurité en Afrique, la Commission diffuse l’éditorial ci-après du Président de la Commission, Jean Ping :

QU’ENTREPRENDREZ-VOUS POUR FAIRE DE LA PAIX UNE REALITE?

Le 21 septembre, le continent africain se joindra au reste du monde pour célébrer la

Journée internationale de la paix (Journée de la paix). Chaque année depuis 1982, cette Journée a constitué un point de ralliement permettant aux Nations unies et à ses Etats membres, mais également à la société civile, au secteur privé et à des citoyens ordinaires, de joindre leurs forces en vue de promouvoir la paix dans le monde.

Cette année, le 21 septembre revêtira une signification particulière pour les Africains, en

ce qu’il marquera l’apogée de l’année 2010, proclamée Année de la paix et de la sécurité par la

session spéciale de l’UA sur l’examen et le règlement des conflits en Afrique, tenue à Tripoli le

31 août 2009. A cette occasion, les chefs d’Etat et de Gouvernement ont exprimé, en ces

termes, leur engagement collectif à faire de la paix sur le continent un réalité:

“… Nous sommes déterminés à mettre un terme définitif au fléau des conflits et

de la violence sur notre continent, conscients de nos insuffisances et de nos

erreurs et animés par la volonté de mobiliser tous les moyens et ressources

humaines nécessaires et de saisir toutes les opportunités pour promouvoir et

faire progresser l’agenda de prévention des conflits, de rétablissement et de

maintien de la paix, ainsi que celui de la reconstruction postconflit. En tant que

dirigeants, ne pouvons tout simplement pas léguer le fardeau des conflits aux

générations à venir d’Africains.”

La Journée de la paix est le symbole de cet engagement. S’il est vrai que la paix

ne peut être réalisée en un jour, le 21 septembre n’en offre pas moins aux Africains

l’occasion de célébrer des succès notables dans le domaine de la consolidation de la paix

et celle de mettre la paix en pratique à travers un moment de communion et d’unité. La

cessation des hostilités lors de la Journée de la paix permettra aux agences humanitaires

de distribuer des médicaments essentiels, et de fournir des vaccins et d’autres formes

d’assistance humanitaire à des populations qui autrement seraient inaccessibles.

2

De façon plus importante, le succès de la Journée de la paix fera naître l’espoir

d’un avenir meilleur pour l’ensemble du continent.

Les activités d’un seul jour peuvent, en effet, être une source de motivation pour

les Africains de tous les horizons, contribuant ainsi à l’émergence d’un mouvement

populaire pour la paix à travers le continent. Cette exigence grandissante de paix et les

actions visant à en faire une réalité faciliteront, à leur tour, la réalisation de notre

promesse de débarrasser l’Afrique du fléau des conflits.

La Journée du 21 septembre est l’occasion pour les dirigeants africains de

renouveler l’engagement pris à Tripoli il y a un peu plus d’un an et de démontrer, par

l’exemple, leur attachement à la paix. Elle est également une expression concrète du

partenariat entre l’Union africaine et les Nations unies, les deux organisations qui

s’emploient conjointement à faire de la paix une réalité, à protéger les civils, et à

sécuriser l’assistance humanitaire à travers l’Afrique. Estil besoin de souligner que ce

partenariat comprend aussi les Communautés économiques régionales, qui, souvent,

jouent un rôle de premier plan dans l’articulation de réponses aux crises politiques et

aux conflits armés, dans diverses parties de l’Afrique.

L’intensification des efforts déployés pour faire de la paix une réalité en Afrique

en 2010 et audelà intervient dans un contexte marqué par des avancées indéniables.

Les conflits violents ont considérablement diminué depuis le milieu des années 90, grâce

à la détermination collective des dirigeants africains et au soutien des Nations unies et

d’autres partenaires internationaux.

Toutefois, les conflits demeurent une réalité douloureuse dans différentes

parties du continent, et les souffrances engendrées ne se limitent pas seulement aux

combattants. En réalité, plus de personnes, en particulier des femmes et des enfants,

meurent des conséquences des conflits armés que de la violence directement liée à ce

fléau. Le bilan économique est tout aussi dévastateur. Certaines estimations ont conclu

à une perte économique combinée d’environ 300 milliards de dollars, subie, depuis

1990, par les pays africains touchés par les conflits. Avec une perte annuelle d’environ

18 milliards de dollars du fait de guerres conventionnelles, d’affrontements internes et

d’insurrections, les conflits armés contractent, en moyenne, l’économie d’une nation de

15%, selon une estimation jugée prudente. D’évidence, les conflits sont le plus grand

obstacle au développement durable en Afrique.

S’attaquer au fléau des conflits est donc essentiel pour la réalisation des

Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). En termes simples, si nous ne

mettons pas un terme aux conflits, nous ne pourrons pas éliminer la pauvreté. La paix

est la condition du développement. Le développement consolide la paix.

3

Pour toutes ces raisons, l’Union africaine, en partenariat avec les Nations unies

et d’autres acteurs, est résolue à ne ménager aucun effort pour mettre fin aux conflits

et consolider la paix en Afrique. Comme Vijaya Lakshmi Pandit, éminente diplomate

indienne, l’a si bien dit: «Plus nous oeuvrerons pour la paix, moins le sang coulera».

Nous avons déjà enregistré des acquis importants dans l’action conjointe qui est

la nôtre avec les Nations unies. Rien n’illustre mieux ce partenariat que l’Opération

hybride sans précédent UAONU, déployée dans la région du Darfour au Soudan, et

l’appui qu’apporte les Nations unies à la Mission de soutien de la paix de l’UA en

Somalie. Ailleurs sur le continent, l’UA et les Nations unies mettent en commun leurs

avantages comparatifs respectifs pour résoudre des conflits, surmonter leurs

conséquences et construire de nouvelles passerelles entre communautés et pays qui, à

un moment donné de leur histoire, se sont considérés comme des ennemis

irréductibles. Audelà de la tâche immédiate qui consiste à apporter des réponses aux

crises actuelles, l’UA et l’ONU sont également engagées dans la prévention des conflits

tâche ô combien cruciale mais souvent peu visible ainsi que dans l’action à long terme

visant à s’attaquer aux causes profondes de la violence et des conflits. En outre, les deux

organisations travaillent en étroite collaboration pour bâtir des institutions fortes et

doter le continent des outils et des capacités nécessaires pour faire face aux défis

complexes auxquels il est confronté dans le domaine de la paix et de la sécurité.

Ce partenariat renouvelé n’aurait pas été possible sans le dynamisme et le

leadership démontrés par l’Union africaine. Depuis sa création, il y a moins d’une

décennie, l’UA s’est activement attelée à la résolution des crises et à la prévention des

conflits, mettant un accent particulier sur l’enracinement de la démocratie, la primauté

de l’Etat de droit, la promotion de la gouvernance et le respect des droits de l’Homme.

Bien que l’engagement des dirigeants politiques soit important, la quête de la

paix ne saurait cependant être l’apanage des seuls Gouvernements et organisations

internationales. La paix doit aussi être construite à la base, par les efforts des femmes et

hommes ordinaires, de la société civile et du secteur privé: nous avons tous une

responsabilité dans la réalisation de la paix ; nous tirerons tous avantage de la

réalisation de la paix.

Le 21 septembre est l’occasion d’amener chacun et chacune d’entre nous à

contribuer à faire de la paix une réalité. Nous prierons pour la paix, non pas seulement

pour remplir une obligation sacrée, mais aussi pour impliquer les dirigeants religieux

dans la quête de la paix. Nous organiserons des concerts, non seulement pour nous

divertir, mais aussi parce que nos musiciens peuvent nous inspirer à oeuvrer pour la

paix. Nous impliquerons des figures examplaires, des mannequins, des sportifs et des

sportives, des personnalités éminentes et moins éminentes, des riches et des moins

riches, des jeunes et des vieux. Notre Journée de la paix sera un pas concret vers la

mobilisation totale de nos populations pour la paix.

4

Le 21 septembre permettra de faire sortir l’appel pour la paix de la salle du

Conseil de sécurité des Nations unies et de celle du Conseil de paix et de sécurité de

l’UA, et de donner une voix aux plus vulnérables, à ceux qui subissent le poids de la

violence, qui sont marqués physiquement et émotionnellement par la guerre. Ainsi, leur

cri pour la prévention de la violence, y compris celle contre les femmes et les enfants,

pour la protection contre de telles menaces et pour la participation, à tous les niveaux, à

la construction d’une société meilleure et, en particulier, aux efforts de paix, retentira

dans les salles de ces deux augustes organes, demandant que les décideurs fassent de la

paix et de la sécurité une réalité et pas seulement un slogan. Ce cri pour la paix amènera

ceux qui sont en guerre à comprendre que l’engagement pour la paix est irréversible,

que les armes doivent être définitivement réduites au silence, que les camps de réfugiés

doivent se vider à la faveur du retour volontaire à leurs domiciles des personnes qui s’y

trouvent, et que les salles de classe doivent se remplir d’enfants déterminés à

apprendre et à réaliser leur potentiel illimité.

Jean Ping, Président de la Commission de l’Union africaine

 

SOURCE 

African Union Commission (AUC)


Categories